"Gardons les bougies du passé allumées, elles nous montrent le chemin de l'avenir"
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PREFACE

Pour les fables en SABIR.


Mon ami Kaddour me demande une préface pour ses fables en Sabir.
Est-il besoin de présenter au public ces contes que Kaddour lui-même, et Alfred Letellier, ont 
dits avec tant de verve et d'humourdans la pluspart de nos joyeuses réunions algériennes?

Faire l'éloge de cette littérature mixte n'est pas chose aisée; on ne sait oú elle commence, oú 
elle finit;c'est une personne hybride dont le sexe est incertain et qui a son droit d'entrée chez 
nous autres, Algériens, parce qu'elle nous fait rire et nous amuse, parce qu'elle reflète un coin 
de nos moeurs.

Tous ceux qui ont fréquenté les Arabes-surtout ceux qui sont passés au régiment-ont pu 
remarquer la façon bizarre, mais invariable, dont ils accomodent la langue française.
C'est un idiome spécial, passé dans l'usage, et qui tient à la fois de l'arabe, des patois 
méridionaux, du français, de l'hébreu, et même de l'argot.

Alors que nous disons "Dieu", le Abir dit "Diou", et se rapproche peur être plus que nous de 
l'initialeJove, le Jupiter des anciens, puisque Jov et Jou sont désignations adéquates.

Il y aurait une curieuse étude à faire sur le Sabir, mais cette étude n'a pas sa place dans une 
préface.

Le bon camarade Kaddour a eu l'heureuse inspirationde réunir dans une brochure toutes ces 
historiettes qui nous ont fait passer de si bon moments.

M. Portierpère, avec sa chasse, devenue légendaire; Letellier, avec ses histoiresarabes; 
Kaddour-Mermet, avec ses fables, me paraissent représenter la trinité des gais conteurs en 
langue Sabir, et rien n'est plus désopilant que de les entendre narrer leurs historettes, parfois 
relevées d'une pointe de grivoiserie.

Tous les Algériens garderont dans les bibliothèques, à côté de Gagayous, de la Tia Bolbassa et 
autres produits du cosmopolitisme colonial.

Geoges Moussa
Les pointus 
et les 
pointues 
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